Gracieuse Madame Natalie,

 

Nous avons parlé de problèmes de communication et des malentendus entre vous et des soumis. J'aimerais essayer de théoriser ici sur la différence de fonctionnement entre hommes et femmes. Nous, les hommes, nous sommes très simples, voire simplistes, les femmes beaucoup plus complexes, changeantes et compliquées. 

Les femmes sont des esthètes, elles sentent les choses, les ressentent. En cela je pense tout simplement qu’elles … vivent. D’où ces « changements », qui ne sont, pour moi, que de l’adaptation, de la flexibilité, de la participation à la vie commune. Elles interagissent et sentent l’autre . L’homme a sa feuille de route, fixe, rigide, faite de toutes ces idées stupides qu’on nous enfonce dans le crâne dès l’enfance. Définie par ce que les autres diront. Il est imperméable à l’autre. Il ne vit pas, il suit la route qu’on lui a montrée et qu’il croit immuable.

 

Freud s'en est arraché les cheveux, je cite: «Après trente ans passés à étudier la psychologie féminine, je n'ai toujours pas trouvé de réponse à la grande question : Que veulent-elles au juste ?»

Je ne me permettrais pas de défier le Maître, je ne suis pas de taille, mais la réponse est dans la non-réponse. Elles veulent participer à la vie commune, s’y intégrer. Elles s’y fondent, s’y adaptent, en harmonie. Elles ne veulent que faire vivre la vie. Elles accompagnent l’évolution, s’en nourrissent, s’y intègrent et ainsi exlues LA réponse forcément figée que cherche un psychanalyste.

 

Les hommes soumis ne rêvent pas de la même chose. Les uns veulent plutôt d'être maternés, d'autres, vraiment masos, réduits à l'état d'esclaves, d'autres encore cherchent une soumission purement cérébrale ou sensuelle, voire affective, mais toujours selon des schémas relativement stéréotypés. 

Oui, les pulsions sont nombreuses et diverses et je suis d’accord sur les stéréotypes et c’est là le problème. Comme exprimé plus haut, l’homme ne s’accorde pas le droit de s’en détacher et d’être soi-même. Il ne peut donc que se cacher derrière ce que pensent ou disent les autres. En passant, ce stratagème, peut-être inconscient, lui permettra de ne pas se sentir responsable, de quoi que ce soit.

 

Dès lors, ils s'adaptent mal - comme tous les hommes - aux subtilités de l'univers féminin. Il est important qu'une dominatrice se profile dans un créneau particulier et reste cohérente avec cette "ligne", ce qui est un peu triste et contraignant, j'en conviens...  

Je trouve cela ni triste ni contraignant, seulement logique, normal et naturel. Tu mets le doigt sur la base, à mon avis. La femme se prend en charge tôt, gère sa vie. La ligne dont tu parles, elle se la fixe très clairement, elle s’y tient, mais elle le fait par respect pour l’autre. Parce que c’est ça, être soi, être vrai. Je le dis à tous les hommes soumis que je rencontre. C’est LA CLEF ! Il n’y a rien de très compliqué je pense.

 

 

Sans vouloir préjuger de vos pratiques et du problème particulier au Tessin, j'ai moi-même été passablement désorienté depuis quelques jours que je cherche à vous plaire. D'un côté j'ai été touché par la sincérité de votre discours, par une certaine vulnérabilité (demande d’aide avec le blog p.ex.) et j'ai même commencé à éprouver de l'affection pour vous. Là derrière, ressurgit soudain la maîtresse sèche, sévère, implacable, impitoyable, exigeante... et je me suis soudain retrouvé déboussolé et... littéralement blessé! Il faut dire que ce dernier profil ne m'a jamais vraiment convenu, quand bien même il peut alimenter mes fantasmes par moments. Moi, je suis nettement plus attiré par la dominatrice "salope", ludique, jouisseuse, jubilatoire, qui s'amuse ouvertement de son pouvoir sur moi, mais sans jamais me terroriser ou m’enfermer, au sens propre ou figuré.

Ma maison est en Italie, juste pour te taquiner. Je confirme tes propos : il y a 2 personnes en moi. Personnellement je trouve cela très sain d’ailleurs. La domination est une activité, une activité qui exige de moi que je sois ferme, stricte, sévère, exigeante. C’est mon rôle je crois et ce qu’attend un soumis d’une dominatrice. J’aime bien sûr cette attitude et je me sens bien dans ce rôle. A côté de cela, il y a quand-même une femme « normale » qui vit dans le monde réel, où les règles sont différentes. Avant d’avoir définit, à 2, le cadre clair de la relation, je dois composer avec un partenaire inconnu. Je me répète, navrée, mais le respect encore me pousse, pour prendre un exemple, à ne pas insulter un homme tant que je ne sais pas s’il l’accepte, l’apprécie, le considère comme normal, D’où mon véritable acharnement à insister sur l’importance d’un retour de la part du soumis. 

 

Encore une fois, je ne vous connais pas, et je ne sais pas si vous jouez aussi sur ce registre, mais mon impression est donc que vous gagneriez à mieux définir votre personnage de dominatrice pour éviter les déceptions de ces petits mâles égarés. Si vous ne cherchez pas à exercer la domination d'une façon professionnelle, vous pouvez naturellement naviguer à souhait entre les différents genres, à la recherche de votre plaisir selon le moment, sans même vous poser des questions sur les cœurs meurtris que vous laissez derrière vous. Bref, j'apprécie votre souci de mieux comprendre les hommes soumis, surtout c’est pour éviter les massacres et augmenter votre aisance. Nous avons là un point en commun, puisque je fais un travail similaire pour cerner ce qui plaît à la femme dominante et j'ai découvert bien des choses par mes approches en fetishparty... mais c'est encore une longue histoire.

Je trouve immonde le seul fait d’envisager cela. Un homme pourrait «naturellement naviguer à souhait entre les différents genres, à la recherche de votre plaisir selon le moment, sans même vous poser des questions sur les cœurs meurtris que vous laissez derrière vous. », moi pas. Une femme pas. Je suis maintenant très au clair et au point, j’ose le dire, avec mon « personnage de dominatrice ». Tes propos sont la parfaite illustration de ce que j’exprimais plus haut. Les hommes se focalisent sur ce qu’ils pensent, a priori, et ne s’en écartent plus. Ils ne ressentent pas les choses, ne les vivent pas, ne s’en imprègnent pas, puisqu’ils savent déjà. Cela les empêche de vivre pleinement l’expérience. Et si j’ose m’écarter de l’idée précise de la dominatrice qu’ils ont gravée en eux, ils seront incapables d’en discuter et préfèreront disparaître. Tout en me laissant le soin d’assumer toute la responsabilité de cet échec.

 

Pour aujourd’hui, je me contenterai de mettre en garde contre la communication écrite et d’une façon plus générale l’intellectualisation tout court. C’est en me mettant dans un état de transe que j’arrive le mieux à débrider la bête (canidés ou équidé, c’est selon) en moi, à devenir plus réceptif aux femmes pour mieux capter leurs réticences, leurs caprices, bref leurs envies ponctuelles. J’ai l’impression que moins nous échangeons de mots, mieux on se comprend dans ce registre purement libidinal… Mais voilà, ça c’est dans la réalité. Dans le monde virtuel, nous ne voyons même pas l’autre et le malentendu devient inévitable.

Je te rejoins parfaitement sur tous ces points. Mais n’oublions quand-même pas non plus que ce monde virtuel permet aussi bien plus facilement de laisser s’exprimer certaines choses en nous. Le manque de respect, le mensonge, la trahison existent tout autant dans le monde réel. Mais ils sont souvent bien plus douloureux, parce que moins attendus.

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